Les Manuscrits de la Bibliothèque
La collection de manuscrits de la Bibliothèque de Marseille comprend plus de deux mille deux cents documents. Elle a été formée à la suite des confiscations révolutionnaires entreprises dès 1789 sur les biens du clergé, des aristocrates émigrés, et des académies. Sous l'Ancien Régime, la région marseillaise abrite de nombreux établissements religieux et les plus importants d'entre eux conservent d'intéressantes bibliothèques.
Claude-François Achard, le premier bibliothécaire de la ville, a procédé lui-même aux confiscations puis au regroupement des fonds, afin d'ouvrir la première bibliothèque publique de Marseille. Tout laisse à penser que cet érudit, spécialiste de l'histoire de la Provence, auteur de publications bibliographiques régionales, connaissait déjà les collections des maisons religieuses pour les avoir certainement consultées lors de ses travaux. D'autre part, Achard est probablement l'auteur du catalogue des Minimes, dressé de sa main en 1776.
Au terme de cet énorme travail de rassemblement puis de sélection de livres, les manuscrits sont choisis et sauvegardés avec soin par ce dernier. Ces documents proviennent pour la plupart, des grands établissements religieux du département : Chartreux, Minimes, Oratoriens, Augustins, Dominicains, Trinitaires... Les plus belles pièces sont issues de la riche bibliothèque des Chartreux. Fondée en 1633, la Chartreuse de Marseille avait en effet bénéficié d'un don de livres de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon destinés à former sa bibliothèque.
Les manuscrits ainsi recueillis par Achard constituent aujourd'hui le fonds le plus ancien et le plus précieux des collections de la Bibliothèque de Marseille.
Dès l'ouverture de l'établissement en 1805, les manuscrits, au nombre de 850, sont isolés du reste des fonds et conservés dans le cabinet du bibliothécaire, première ébauche de la future réserve.
Au coeur de cette collection, les manuscrits médiévaux occupent une place particulière : formant un ensemble tardif, compris entre le XIe et le XVe siècle, ils sont les témoins des premiers temps de l'écrit et du livre. Issus des bibliothèques du clergé de l'Ancien régime, ils appartiennent presque tous au domaine religieux. Bibles, patrologies, oeuvres des pères fondateurs des ordres représentés, textes nécessaires à la célébration des offices ou au déroulement de la vie conventuelle, ils présentent des formes très variées : hagiographies, textes de spiritualité, ouvrages lithurgiques, martyrologes, bréviaires, graduels, sermons...
Outre cette abondante littérature religieuse, apparaissent des ouvrages destinés aux laïcs et quelques textes profanes : livres d'heures, romans courtois, miroirs et compendium probablement versés en dons aux communautés religieuses par des fidèles soucieux de s'attacher les prières des moines. Grandes bibles glosées du XIIIe siècle, livres d'heures richement ornés, ouvrages de piété et de liturgie, textes profanes, ces manuscrits nous révèlent l'art délicat et précieux de l'enluminure. Ainsi en tête des chapitres ou au détour des textes, surgissent, dans tout l'éclat de leur fraicheur miraculeusement intacte, ces décors ouvragés et coloriés avec une fervente minutie. Icônes d'un patrimoine issu du silence des monastères médiévaux, ces manuscrits nous livrent aujourd'hui leur secrète splendeur.
Enfin, ces documents aux formes archaïques, à l'écriture difficilement déchiffrable, sont les rares survivants des systèmes de pensée médiévaux.
Le catalogue des manuscrits de la Bibliothèque est disponible sur le Catalogue Collectif de France : CCFr
Pour la première fois, des manuscrits numérisées de la bibliothèque sont accésibles en ligne.
