Documenter l'exposition coloniale de Marseille de 1906

Première exposition du genre en France, l'Exposition Coloniale de 1906 se tient d'avril à novembre dans le parc du rond-point du Prado, actuel Parc Chanot. Organisée sous le commissariat de Jules Charles-Roux, personnalité politique marseillaise influente du milieu industriel et culturel, et du docteur Édouard Heckel, fondateur de l’Institut colonial ; l’Exposition Coloniale est une manifestation d’envergure nationale et internationale. Elle constitue surtout la première véritable exposition coloniale indépendante sur le sol français. Il s'agit d'un évènement majeur, visant à promouvoir l'empire colonial français et à légitimer la colonisation auprès du grand public.

Qualifiée d’« apothéose de Marseille », elle connaît un immense succès et attire près de deux millions de visiteurs. L'exposition met en scène la richesse des colonies à travers des pavillons à l'architecture « exotique », des présentations de matière première et d'artisanat, ainsi que la présence de figurants. En effet, l'évènement est aussi pour beaucoup l’occasion de rencontrer « l’indigène », soigneusement mis en scène dans les « souks », au « village nègre » et dans différentes attractions dites« exotiques» : danses cambodgiennes, défilé du dragon chinois, musique malgache, promenade en chameau, etc…

Un évènement documenté

Dans ce contexte, Constant Robert réalise de nombreuses photographies, publiées dans huit albums de très grand format (56 x 65 cm). Ces ouvrages, probablement issus d’une commande publique, documentent un évènement marseillais majeur et nous permettent aujourd'hui de garder trace de l’effervescence de quelques mois de l'année 1906.

Si la photographie ancienne a aujourd’hui valeur de document, elle est pour les contemporains de l’événement un outil de propagande de l’empire colonial français. Ces albums servaient aussi à illustrer un idéal : représenter les colonies comme sources de richesses et de développement.

Les témoins d’un imaginaire impérial

Aujourd'hui, ces albums ont une grande valeur historique. Conservés dans leur entièreté dans les réserves de la bibliothèque, ils sont le témoin d'un évènement majeur pour la ville et constituent une source historique pour questionner les mentalités de l'époque et l'impact de ce type d'exposition sur l'imaginaire collectif. Ils contribuent à mieux comprendre la représentation de l'empire colonial français au début du XXe siècle parce qu’ils sont le témoignage visuel de la façon dont la France présentait ses colonies et dont elle souhaitait que le public perçoive son œuvre coloniale.