Les célébrités du « Juste Milieu » par Honoré Daumier
Un ensemble de trente-six bustes
Des modèles pour la caricature
A la demande de Charles Philippon (1800-1862) créateur de deux des plus célèbres journaux satiriques du XIXe siècle, La Caricature et Le Charivari, Honoré Daumier réalise entre 1832 et 1835, une série de bustes en terre crue peints à l’huile, qui caricaturaient des personnages politiques des premières années de la Monarchie de Juillet. Il s’agissait pour la plupart de parlementaires de la première assemblée élue du nouveau régime, mais pas seulement. On y retrouve des ministres, des magistrats, en tout cas tous proches du régime, à l’exception de Charles Philippon, le commanditaire de cet ensemble.
L’expression « le Juste Milieu » moqué par la presse satyrique de l’époque, fait référence au programme politique que Louis Philippe avait défini ainsi dans une lettre ouverte du 29 janvier 1831 : « Nous chercherons à nous tenir dans un juste milieu, également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal ».
De la terre crue à l'édition en bronze
Ces bustes en terre crue servirent à l’artiste à réaliser les lithographies publiées dans le journal La Caricature. On ignore le nombre de portraits que Daumier a sculpté à l’origine. Trente-six sont parvenus jusqu’à nous.
Ils sont conservés depuis 1980 au musée d’Orsay à Paris. Ils avaient été achetés en 1927 au petit-fils de Charles Philippon par l’éditeur d’art Maurice le Garrec. Celui-ci les fit restaurer et mouler étant donné leur extrême fragilité et décida de les éditer en bronze et en plâtre.
Trente éditions de la série furent commandées au fondeur Barbedienne qui les réalisa entre 1929 et 1953.
La série complète conservée au musée des Beaux-Arts de Marseille est le vingtième tirage.
Pour la réouverture du musée des Beaux-arts de Marseille après la guerre, vingt-sept bustes furent achetés par la ville de Marseille en 1948 (L. 48.1 à L. 48 27), les neuf autres bustes de la série étaient des dépôts du musée du Louvre (n° inv D 48.1 à D 48.9) qui les avait acquis pour Marseille.
Après la fermeture de la fonderie Barbedienne en 1953, Mme Le Garrec fit fondre par Valsuani trois dernières séries pour elle et pour chacune de ses filles.
En 1952, dans son catalogue des sculpture de Daumier, Maurice Gobin attribua à chacun des bustes un qualificatif psychologique humoristique : Le Fourbe et le rusé, Le Hargneux, Le Gâteux etc. le comique de ces sous titres qui étaient de son invention frappaient juste, mais ne devaient rien à Daumier et ne sont plus utilisés aujourd’hui.
Date de modification : 16 juillet 2025