La culture Nagada

 Portrait de Sir William Matthew Flinders Petrie, 1903
Portrait de Sir William Matthew Flinders Petrie, 1903

(Source : The Petrie Museum of Egyptian Archaelogy)

Une société pré-pharaonique

La connaissance de sociétés pré-pharaoniques est assez récente en regard de l’égyptologie. Elle remonte à la fin du XIXe siècle et est due essentiellement à William Matthew Flinders Pétrie qui fouille les grandes nécropoles prédynastiques, en particulier celle de Nagada. C’est lui qui met en place la première chronologie de ces cultures, basée sur la typologie céramique. 

Nagada, une nécropole et une civilisation

Le site de Nagada, découvert en Haute-Égypte, a donné son nom à cette brillante civilisation du IVe millénaire avant notre ère dans laquelle vont s’enraciner les fondements de l’Égypte ancienne. 

Cette stupéfiante nécropole de plus de deux mille tombes a livré un riche matériel révélateur des modes de vie, des croyances et des rites funéraires des Égyptiens.
Situé au Sud de l’Égypte, près de Thèbes, ce cimetière, riche en matériel funéraire du quatrième millénaire, donne ainsi son nom à la période qui précède le développement des dynasties égyptiennes, de 3800 à 3100 avant notre ère. Palettes à fard, figurines en ivoire et vases en céramiques en sont des objets phares.

Une culture étendue, au fondement de l’Egypte ancienne

Au cours de trois phases, la culture Nagadienne va étendre de son foyer, pour devenir dominante dans toute la vallée du Nil au-delà, en effet on trouvera quelques traces dans la bande de Ghaza et en Nubie.

Statuettes d'hommes barbus, de la période Nagada I
Statuettes d'hommes barbus, de la période Nagada I

n° d'inv 1994.1.2 et 1994.2.3

Nagada I, El-Amrah, les premières chefferies

Pendant la Première Période (4000-3500 av. J.-C.), Nagada I ou Amratien (du nom du site de El-Amrah), on assiste à la reconnaissance des première chefferies.
La population n’est pas encore unifiée, elle habite des maisons rondes et en terre. Les défunts sont inhumés en position fœtale dans des tombes ovales. 

Les premiers chefs emportent avec eux dans leurs tombes une vaisselle qui leur permet de subsister dans l’au-delà.
Les vases, constitués de différents matériaux, sont allongés.
Parmi eux, les « black top », des vases cuits enfoncés à l’envers dans le sable, l’absence de dioxygène entraînant le noircissement du haut du vase. (voir 2001.1.1).
L’argile du Nil est transformée en vases aux formes encore modelées à la main mais aux couleurs rouges et noires prouvant une cuisson réductrice en position inversée.
Une vaisselle de pierre, souvent du basalte particulièrement dur, prouve le savoir-faire et la ténacité des artisans qui forent les blocs avec des silex et donnent naissance à des « vases cigares » hauts, élancés, aux parois polies, d’une plastique très pure.
La représentation humaine apparaît dans l’ivoire.

Palette à fard aviforme, période Nagada II
Palette à fard aviforme, période Nagada II

n° d'inv 1994.1.7

Nadaga II, El-Guerzeh, luxe et cités

À la période suivante (3500-3200 av. J.-C.), cette civilisation va s’étendre au nord. 

Le Guerzéen (du nom du site de El-Guerzeh) produit une poterie à terre beige décorée de motifs violets géométriques ou figuratifs inspirés de la faune et de la flore des bords du Nil.
On entre dans une période de « luxe ». La civilisation évolue : les premières cités émergent, on met en place des systèmes d’irrigation.
Les vases, beiges et ronds (voir 2006.1.1 ) et les figurines de forme humaine en ivoire (voir 1994.1.2 et 1994.1.3) font leur apparition. Il pourrait s’agir des plus anciennes représentations de chefs.
On confectionne également des palettes en schiste et grauwack, parfois de forme animale, qui servent à écraser les pigments et les fards (voir 1994.2.4, 1994.1 .7). Les palettes à fard losangiques en schiste sont encore utilitaires, en leur centre sont broyés les pigments de maquillage du corps et du visage.
Les tombes deviennent rectangulaires et sont orientées vers le Soleil couchant : la tradition funéraire se complexifie, guidée par des croyances. Un luxe certain prouve l’existence d’un début de hiérarchie.
À Hiérakonpolis, des éléphants sont même inhumés dans le cimetière de l’élite : à l’époque, l’Égypte est une savane jusqu’à sa désertification complète vers 2000 avant notre ère.
Les palettes deviennent zoomorphes, avec des contours schématisés d’oiseaux, de tortues, de poissons et semblent avoir un but rituel. La taille du silex atteint une grande perfection sur de longues lames aux manches en ivoire au décor en relief.

Vases, période Nagada III, époque thinite
Vases, période Nagada III, époque thinite

n° d'inv 1994.2.2 et 1994.2.3

Nagada III, vers la dynastie zéro

L’ultime phase, Nagada III (3300-3150), ou proto-dynastique, atteste de la fusion des traits culturels, dans la vallée du Nil et le Delta.
Changement notable, de nouveaux objets marqueurs de l’autorité, (dérivés d'objets auparavant fonctionnels), sont à présent l’étendard d’un décor historié en relation avec le pouvoir : palettes à fard, massues, peignes, manches de couteaux. Ces objets ne sont plus découverts dans un contexte funéraire mais désormais dans des sites de dépôts cultuels.
Ces artefacts portent des scènes de chasse ou de guerre comme autant de manifestation de la violence du moment.
Nombreuses sont en outre les mises en scène animales, ainsi, lion, taureau sauvage et faucon, figures héraldiques du roi, ornent triomphalement les plus beaux spécimens.
Le pouvoir à Abydos prend donc, clairement, un caractère monarchique. Ce modèle se diffuse, ensuite, aux principautés de Basse-Égypte. 

La culture de Nagada, ferment de la civilisation pharaonique

Un type de vie propre à la vallée du Nil, fait de coutumes diverses, d’influences venues d’Afrique ou de l’Orient, est le « terreau » sans rupture majeure sur lequel va se bâtir la civilisation pharaonique. Les premiers témoignages d’écriture hiéroglyphique connus datent de 3200 avant notre ère.
A la fin de Nagada III, à la période dite thinite (voir 1994.2.2), l’Égypte n’est pas encore un État mais ses fondations culturelles et ses principes civilisationnels sont déjà consacrés. 

  • Nagada dans la collection du musée d’archéologie méditerranéenne

Le musée d’archéologie méditerranéenne compte aujourd’hui 16 objets de la culture Nagada dans son fonds. 11 d'entre eux vous sont présentés ci-dessous.
Vous pouvez les voir, exposés dans leur totalité dans les salles égyptiennes de la Vieille Charité.

Date de modification : 6 décembre 2025

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