Vie quotidienne, économie et propagande
La guerre s’éternisant, des pénuries affectent la vie quotidienne, dans une ville qui dépend beaucoup de l’extérieur pour son approvisionnement. Face au marché noir qui s’installe, des boucheries « administratives » sont créées dès 1915 afin que la population ait accès à la viande à un prix raisonnable. Il faut bloquer le prix du blé et introduire le rationnement du sucre en 1917 puis la carte de pain en 1918. Mais les prix flambent : en janvier 1917, le conseil municipal discute de la taxation des denrées.
Consécutivement, les tensions sociales s’accentuent : une série de grèves affecte Marseille en juin 1917.
Si le moral remonte vers la fin de la guerre, la situation économique est plus lente à s’améliorer, les difficultés de la vie quotidienne s’amplifient et le climat social et politique s’en ressent.
La situation des veuves de guerre en particulier devient parfois critique, rendant plus scandaleux le spectacle des « planqués » et des « profiteurs de guerre ». Et comme toujours en temps de crise, les rumeurs et les croyances alimentent les conversations et les mouvements d’opinion, avec une presse soumise à la censure et à la propagande.
Pourtant, Marseille, base arrière des armées, avec ses dépôts pour soldats en transit, ses trafics, ses activités, sous un ciel qui parait si loin des malheurs de la guerre, présente un aspect qui étonne : rues et magasins souvent étincelants de lumière en dépit des restrictions, foule bruyante et joyeuse fréquentant en masse les cinémas qui ont rouvert à l’automne 1914, tout comme les théâtres en 1915.